28/01/2014

Comment trouve-t-on un narval dans un blizzard ?

28 janvier 2014

Vous vous souvenez quand je vous disais que j'étais étonné d'être en vie ? La dernière fois que j'ai dit ça je veux dire. Et bien, j'avais une très bonne raison d'être étonné. Sauf que maintenant, je crois pouvoir affirmer avec certitude que je suis vraiment étonné d'être en vie. Par contre, le fait que je suis encore en vie me force à croire à ce que je n'ai jamais cru. Il y a un Dieu en ce monde. Non. Pas un Dieu qui aime et qui réconforte ses adeptes. Non, un Dieu sadique et fou qui ne tient qu'à me faire souffrir.

Il y a de cela 1 an, je vous aurais dit que je souhaiterais mourir. Maintenant, je suis désolé de vous apprendre que c'est toujours le cas. Seulement, mon désir de m'éteindre se fait dépassé dans ma liste de besoins par quelque chose d'infiniment plus important.

Je dois terminer ma quête.

Oui, j'ai dit terminer. Je dis ceci car j'ai tué Robert.

Bon, vous vous souvenez des bouteilles de Coca-Cola vide dans la neige ? La petite addiction de mon oncle ? Et bien, il parait que lorsqu'on suit un fil on arrive à la bobine. Je confirme.

Je marchait, mon père était devant. Il n'avait toujours pas poussé un seul mot, et je dois vous avouer que j'étais en colère contre lui. Je me souviens m'avoir dit qu'il ne me servait à rien et je me demandais ce qu'il faisait ici avec moi. Je le vis un jour cessé sa marche un instant puis courir vers quelque chose que je ne pouvais pas encore discerné.

Nous avons trouvé mon oncle au sur le flanc d'une montagne, le long d'un chemin sinueux, regardant une plaine éclairés de feu à mains d'armées. Des genres de flares. Un peu comme ceux dont l'on se sert pour des pistes d'avions improvisées. Mais il n'y avait pas d'avion. Nous nous sommes approchés de lui. Il ne dit rien. Mon père s'assit près de lui. Je demeurai derrière. Robert savait que c'était la fin. Il demeura là, simplement regardant l'horizon. Regardant cette plaine qui m'intriguait depuis un moment déjà avec ses lumières artificielles.

C'était éternel. Tout ce que l'on pouvait entendre était les rafales, frappant le sol à nos pieds. Ce bruit... je l'entends encore. La tension était incroyable. Ces deux incroyables guerriers, souhaitant respectivement la mort de l'autre, juste assis, devant moi, sans échanger un seul regard car tout les deux savaient très bien qu'un seul contact visuel amènerait à un combat à mort. C'était... c'était comme si mon père et mon oncle voulait profiter de ce dernier instant fraternel. Les deux fils unique du Grand Solitaire. Les deux derniers Solitaire de leur génération. Les derniers. Puis, l'un d'eux en eu assez.

«-C'est fini, mon frère.»

Je dois vous avouer ne pas savoir lequel des deux dires cette phrase. Les deux anciens amis se levèrent simultanément. Il se tournèrent enfin l'un vers l'autre, prirent chacun quelques pas en arrière et foncèrent tête première vers leur adversaire à chaque, défense levée.

Souvent, j'ai dit que des visions que j'avais paraissaient être sans fin, qu'elles me restaient dans l'âme pour toute ma vie. Le vaisseau, les marches de ma cellule, les narvals dans l'espace, le jardin africain avec Princesse Rutabaga... et bien c'est encore arrivé une fois. La fois où mon père fut tué devant mes yeux.

Sa défense avait éraflée la joue de Robert. Celle de mon oncle transperçait le cou de mon paternel. Je tombai par terre. Ses yeux normalement provocateur perdirent de leur usuel strict. Ils se vidèrent. Ils se fixèrent sur moi alors que j'attendis ses premiers mots depuis maintenant des jours.

«-Fait honneur à ton nom. Narval.»

Puis l’invincible combattant s'écroulai par terre.

J'étais détruit.

J'avais l'impression de mourir en même temps que mon père.

J'étais mort.

J'étais abasourdi.

J'étais triste.

Idiot.

Furieux.

Plus fort que mon propre père.

Agrippant toute la puissance cachée au plus profond de mon esprit, j'atteint l'illumination meurtrière et me jetai sur Robert en hurlant. Nous déboulèrent le flanc de la montagne. Je crus voir de la neige tomber alors que je le frappais lorsque la gravité me le permettait. Une avalanche. Mais je n'en avais rien à foutre. Il devait mourir, ici et maintenant.

Puis je tombai une nouvelle fois.

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Je me réveillai dans un lieu que je ne connaissais pas. Je repris lentement contrôle de ma vision. C'était sombre, grand. Je m’appuyai sur un mur de brique. Je tombai encore maintes fois avant de pouvoir correctement m'avançai dans la zone inconnue dans laquelle je m'étais retrouvée. C'est alors que le souvenir du meurtre de mon père m’alarma. Je suis redressé avec la vitesse d'une navette N.A.R.V.A.L. 0.3 et chercha partout pour le tueur. Puis je vis un symbole sur le mur de brique. Je m'éloignai pour le voir. «OSE». Cela ne m'étais pas inconnu... mon père m'en avait déjà parlé...

L'armée privée de Monsieur S.

Nous étions dans leur QG, apparemment abandonné. Voilà ce que Robert faisait en Sibérie. Mon père le savait. Ils ont donc un nouveau QG ? Un nouveau lieu de raliement ? Une organisation comme l'OSE ne peut pas logiquement avoir un établissement dans un pays de l'occident. Elle doit se cacher. La Sibérie paraissait logique. Pourquoi quitter cette base ? Pourquoi ?

Mais tout ce questionnement stoppé bien assez vite par un tir. Je vis une balle pénétrer le fameux mur et couru me camoufler dans une pièce vitrée, devant quatre sous-marins. Un second tir fut visé directement vers ma tête, mais la paroi anti-balles l'arrêta. Je pus alors voir Robert, au sommet d'un des sous-marins. Je cherchai une arme, n'importe laquelle, pour rivaliser avec ce salaud. Je me mis à ouvrir chaque tiroir, chaque armoire pendant que des balles tentaient si bien que mal de traverser ma défense. Des miettes tombèrent à mes pieds, devant chaque portière que j'ouvrais. Je trouvai une vieille carabine munie d'une baïonnette, le genre que l'on retrouve seulement dans les vieux films de Première Guerre Mondiale.

Je courus dehors, pris le temps de bien viser Robert alors qu'il rechargeait son arme puis tirai.

Un coup direct dans la nageoire. Il sauta à l'eau et disparu. C'était stupide de ma part de rester où j'étais. Même avec un nageoire en moins, Robert était beaucoup plus fort que moi. Je cherchai un moyen de m'enfuir quand je vis des barils d'essence. C'était peut-être ma chance. Je tirai et fit exploser les contenants. Le feu réussit à déclencher le système d'incendie, ce qui était justement mon intention. Au travers de la fumée, des gouttelettes d'eau, Robert ne pourra pas me trouver facilement.

Puis, un idée me vint à l'esprit, je pouvais me servir du bruit gigantesque de l'alarme pour éviter que mon adversaire m'entende. Je courus me cacher derrière une caisse et attendit de le voir se placer au centre de la pièce, me cherchant partout du regard, en tenant fermement sa blessure. Et soudain, le moment tant attendu fut. Il se retourna vers les sous-marins quand je débutai ma course folle vers ma vengeance. Jamais il ne vit ni n'entendit la baïonnette lui traverser le coup, comme sa défense traversant celui de mon père.

Il s'écroula par terre. Je voyais bien qu'il lui restait des forces. Presque simultanément, l'alarme cessa son bruit atroce. Il était grand temps pour son discours dernier.

«-Ton père n'était pas un bon chef, Narval.

-Je sais.

-Je suis désolé. Il fallait que je t'écarte, tu m'aurais empêché de le tuer.

-C'est vrai. Mais pourquoi l'espace ?

-Ton père était bien trop fort et bien trop influent. Il me fallait l'envoyé ailleurs. Je savais que les humains pourraient le maîtriser. Devine pourquoi il s'est retrouvé dans le même vaisseau que toi ?

-...pour me sauver.

-Exactement. Et c'est lui qui a écrit le message du 19. Pas moi.»

C'est la que je compris enfin que mon doute était bien fondé. Mon oncle... n'était pas réellement mauvais. Il tentait de mettre de l'ordre. Oui par la violence, par la guerre. Mais son but n'était pas mal. S'il croyait que c'était la seule bonne méthode à prendre alors soit. Après un long silence, la conversation repris.

«-Monsieur S.

-Qu'est-ce qu'il y a avec cet homme ?

-Il se servait de moi, une fois que je serai mort, il se servira de la guerre que j'ai déclenchée et de ses forces pour contrôler les mers. Les humains veulent nous faire subir leurs lois, leur règles. Nous rendre aussi esclaves à leur société qu'ils le sont. Il faut le tuer.

-Pourquoi ça serait à moi de faire ça ?

-Qui a mit ton père dans cette cage ? Qui a annihilé la race des morses ? Qui détruit tout ce que tu as déjà aimé depuis ton départ dans la navette ? Lui. Il est mauvais. Tu dois le tuer.»

Sur ce, il creva.

Je ne savais pas quoi faire. Son dernier mot était comme un soupir, comme si son âme flottait hors de sa gueule lorsqu'il le prononça. «Tuer». C'est tout ? Je le tue et tout est fini ?

Et ça, ça va ramener la paix, les morses, ...mon père ? Non.

Mais si ça peut aidé notre cause, alors je n'ai plus rien à perdre.

Bon, c'est l'heure de voir si je peux piloter un sous-marin.

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